Diagana : «Une vie formidable»
Présent aux Etoiles du Sport mi-décembre, Stéphane Diagana a accepté de revenir longuement sur sa carrière, qu'il est heureux d'avoir vécue, mais qu'il ne regrette pas.
«Stéphane Diagana, quel bilan tirez-vous de votre carrière ?
Elle m'a apporté bien au-delà de ce que je pouvais espérer. Je n'ai pas commencé l'athlétisme pour faire de la compétition, c'est juste que j'aimais courir. La compétition est venue bien plus tard, c'était donc du bonus. Je ne me suis jamais considéré, à tort ou à raison, comme quelqu'un de très doué. Donc, j'ai beaucoup travaillé, et ce que j'ai obtenu, c'est pas mal par rapport à d'où je venais (sourire). Je n'avais pas de résultats excellents chez les jeunes, je n'étais pas un Lemaitre ou un Doucouré au même âge. C'était loin d'être évident de pouvoir être ensuite double champion du monde, champion d'Europe, recordman d'Europe, donc ça a forcément été formidable. Mon seul regret ce sont les Jeux Olympiques, je n'ai pu y participer qu'une fois, et j'ai été blessé lors des trois autres éditions. Mais je vis bien avec, il y a à peu près six milliards d'êtres humains sur terre qui ne sont pas champions olympiques, et je vais faire comme eux (rires).
S'il fallait retenir un meilleur souvenir de toute cette carrière, lequel serait-il ?
C'est une vie formidable dans son ensemble, plus qu'un moment, même s'il y en a eu de très intenses. Mon succès aux championnats d'Europe en 2002, à 33 ans, m'a beaucoup marqué. J'avais eu des années difficiles avant, et j'étais près de la fin. Je venais d'être papa juste avant aussi, donc ça faisait une semaine assez riche (sourire).
Et le plus difficile...
Devoir être dans les tribunes à Atlanta (JO 1996). L'année précédente j'avais établi le record d'Europe, j'étais n°1 mondial. C'était vraiment l'année où j'avais toutes mes chances pour aller chercher le titre olympique. Ça ne s'est pas fait... Mais j'ai été champion du monde l'année d'après.
«LE CHALLENGE, ÇA VOUS FAIT GRANDIR, APPRENDRE SUR VOUS-MÊME. J'AI BESOIN DE ÇA, TOUJOURS, JE NE POURRAIS PAS ME PROJETER DANS UNE VIE OÙ JE RÉPÈTE TOUJOURS LA MÊME CHOSE.»
Est-ce qu'il y a des moments de la vie de sportif de haut-niveau qui vous manque ?
Ce qui me manque le plus, c'est de ne pas pouvoir faire du sport tous les jours, tout simplement. Parfois j'aimerais bien pouvoir en faire plus souvent, mais avec la vie que j'ai, ce n'est pas toujours possible. Pendant longtemps, il m'a manqué la pression de l'événement, d'être sur le fil en permanence ou presque : jouer une grosse partie sur un coup. Mais aujourd'hui ça ne me manque plus, je me demande même comment je faisais pour supporter ça (sourire). La grande solitude dans la chambre d'appel, ou juste avant le départ, lorsqu'on est seul face à soi-même.
Et des moments qui ne vous manquent pas ?
Faire les sacs (sourire). Les faire, les défaire... Etre toujours en déplacement. Je dis ça mais avec la vie que je mène aujourd'hui, toutes ces activités, c'est un peu la même chose...
Et les entraînements, la remise en question permanente...
Oh non ça j'aimais bien... Si je pouvais encore en faire mon métier, ce serait avec plaisir. Et puis, être "challengé", c'est ça qui me manque aussi. Alors peut-être pas avec la pression du jour J, parce que c'était très difficile. Mais le challenge, ça vous fait grandir, apprendre sur vous-même. J'ai besoin de ça, toujours, je ne pourrais pas me projeter dans une vie où je répète toujours la même chose.
Quand on est sportif de haut-niveau, on l'est à vie ?
Dans ses comportements, je pense que ça laisse des traces oui.
Si vous n'aviez pas été sportif, quel métier auriez-vous aimé faire ?
J'aurais aimé faire un métier à haut niveau (sourire). Je suis curieux de tout, alors je ne sais pas trop. Mais j'aurais visé l'excellence, pas le sommet absolu, mais relatif par rapport à soi : atteindre sa propre excellence. C'est ça qui est intéressant, grandir face à une difficulté, et bien faire. Que ce soit en étant ébéniste, enseignant, faire de la recherche...
Il y en a plus qu'un... Je dirais un tennisman, comme Roger Federer. Je l'aime beaucoup dans son approche mentale, c'est la grande classe. Pour lui le tennis est un terrain de recherche permanent, et c'est pour ça qu'il est au sommet depuis si longtemps. Quand vous écoutez Rafael Nadal c'est pareil : "je peux encore apprendre, je peux encore mieux jouer".
Comment avez-vous vécu l'après-carrière ? Vous avez ressenti un blues ?
Oui, mais pas longtemps, deux ou trois jours (sourire). Mais ça a vraiment été fort, même les choses qui m'intéressaient le plus n'avaient plus d'intérêt. Mais comme je suis de nature curieuse, j'ai eu plein d'opportunités et la page s'est tournée rapidement. Et puis je suis resté dans le milieu, ça m'a aidé.»
Propos recueillis par Fabrice BOSSET, à La Plagne
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