Trois Français sur cinq ont franchi  le seuil du premier tour lors cette première journée des Mondiaux : Emmanuel Biron sur 60 m, Hind Dehiba-Chahyd sur 1500 m et Yoann Kowal sur 3000 m. C’est en revanche  terminé pour les demi-fondeurs Grégory Beugnet (1500 m) et Yohan Durand (3000 m), lors d’une première journée par le record du monde surprise de Natallia Dobrynska (5013 points) au pentathlon.

Bizarre. Ce qualificatif est revenu dans la bouche de plusieurs athlètes français. Et effectivement, bizarre, cette première journée des championnats du monde l’a été. Avec une athlète (l’Ukrainienne Natallia Dobrynska) qui bat le record du monde du pentathlon avec 5013 points et devance la grande favorite (la Britannique Jessica Ennis), qui croyait l’avoir emporté à l’arrivée du 800 m. Un postulant au titre mondial sur 60 m (le Jamaïcain Lerone Clarke) qui quitte la compétition dès les séries en 7’’05, lors de courses de sprint marquées par les échos du coup de feu et une multitude de temps de réaction indigents. Et enfin une finale du poids masculin qui, elle, n’a pas été bizarre mais tout simplement magnifique, avec quatre athlètes à plus de 21,50 m et un vainqueur, l’Américain Ryan Whiting, à 22 mètres pile.

Biron se place
Dans ce contexte, les cinq Français en lice ont connu des fortunes diverses. Sur la ligne droite, le sprinteur lyonnais ne s’est pas posé de questions, alors que plusieurs athlètes ont été perturbés par le double-écho du coup de feu du starter. Dans sa bulle du départ à l’arrivée, il s’est parfaitement extrait des blocs, en prenant comme repère la cage du lancer de poids pour sa poussée, et n’a pas relâché son effort avant l’arrivée tout en restant bien placé. Résultat : une première place en 6’’68 lors de sa série et surtout le quatrième meilleur temps du jour. Le Tricolore, entraîné par Daniel Darien, aura un petit coup à jouer demain, en demi-finales. A condition de réaliser encore une fois une excellente mise en action, comme lors de la finale des championnats de France Elite à Aubière il y a quelques jours.

L’autre qualifiée du jour côté Français est à chercher du côté demi-fond. Plus précisément sur 1500 m, où Hind Dehiba-Chahyd a  joliment décroché son billet pour la finale. Longtemps cachée en queue de peloton, elle a su produire son effort au bon moment pour se replacer et finir sur les talons de la Marocaine Mariem Alaoui Selsouli (1ère en 4’08’’56). Sa deuxième place en 4’08’’78, sans jamais vraiment trembler malgré les assauts de la Turque Asli Cakir, soutenue par un stade plein et particulièrement enthousiaste, est de bon augure. La recordwoman de France a couru à l’expérience, sans s’affoler.

Les bousculades du demi-fond

Yoann Kowal a connu des aventures beaucoup plus mouvementées sur 3000 m. Sixième de sa série en 7’50’’47, il n’a cessé de faire l’accordéon lors d’une course marquée par de nombreux changements d’allure et bousculades. Il a même dû, lors d’un virage, poser quelques appuis à l’intérieur de la piste de l’autre côté de la lice. Une action qui allait lui valoir pendant plusieurs dizaines de minutes une disqualification, avant d’être finalement qualifié au temps grâce à la décision du jury d’appel. Un soulagement pour le Périgourdin, qui participera enfin ce week-end à sa première finale mondiale. Sur la même distance, pas d’amertume pour son compère Yohan Durand. Plutôt spécialiste du 5000 m, le Bordelais n’a rien pu faire lorsque la deuxième série, la plus tactique, s’est emballée dans le dernier tour. Sixième en 7’59’’10, il a pourtant couru intelligemment lors d’un 3000 m extrêmement relevé. Enfin, l’apprentissage a été difficile mais riche d’enseignements pour Grégory Beugnet, un peu plus tôt dans la journée. Septième de sa série du 1500 m en 3’44’’20, le Nordiste a subi sa course et n’a jamais pu occuper une des places qualificatives. Une première expérience en grand championnat à retenir pour le vice-champion de France, qui devra sans doute prendre plus de risques la prochaine fois.

Rendez-vous demain avec plusieurs chances de médailles pour les Bleus, à commencer par les perchistes Renaud Lavillenie et Romain Mesnil à la perche. Un concours lors duquel l’expérience devrait, là encore, jouer un rôle primordial.

A Istanbul, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr